Le Majestueux St-Laurent
Imaginez une rivière qui coule sur 1500 Km tout le long du Lac Ontario jusqu'au golf du St-Laurent avec des sections dont le débit d'eau est de 200,000 pieds cube à la seconde.
Imaginez une rivière qui produit un pouvoir hydro-électrique et de l'eau potable pour des millions de gens!
Pensez-y! Une rivière qui est devenue une des routes les plus achalandées pour le transport de nos marchandises, un cours d'eau sur lequel on a construit un système d'écluse afin d'accéder à une voie maritime s'échelonnant entre le Lac Ontario et Montréal, un rapide juste au sud de Montréal, une section de rivière de 2 Km de large, la même section qui a su frustrer Jacques Cartier à son arrivée aux rapides de Lachine en 1535 lorsqu'il cherchait un passage pour les Indes!
Imaginez tout ça et vous verrez le majestueux St-Laurent.
Les rapides de Lachine sur le St-Laurent représentent une zone de sécurité pour plusieurs espèces de poissons. Le volume extraordinaire d'eau qui y passe les protège contre les humains et tout autre prédateur.
Les rapides de Lachine et le bassin de Laprairie fournissent une eau froide et très oxygénée pour un grand nombre de poissons, incluant brochets, dorés, maskinongés, achigans, truites brunes, truites arc-en-ciel, esturgeons, carpes, perchaudes et ventouses.
De plus, quelques spécimens du Lac Ontario s'y échappent, dont le chinook, le coho, le steelhead et la truite grise, qui y trouvent refuge et sont sporadiquement ferrés par les moucheux en eau turbulente et peu profonde, ces eaux qui causent beaucoup de problèmes aux pêcheurs à gué ou en bateau qui voudraient bien s'approcher de leur proies.
Il y a quelques décennies, ce magnifique courant d'eau était le domicile d'une quatité énorme de Salmo Salar, mais le progrès et le développement des industries ont réussi à repousser ces saumons jusqu'aux rivières et affluents du Golfe du St-Laurent.
Le sport de la pêche pour certains autres spécimens est pratiquement celui de la "remise à l'eau". Même si quelques poissons se reproduisent dans cette partie du St-Laurent, le succès n'est pas garanti à cause du climat vigoureux de cet environnement liquide.
Chaque printemps, la débacle gruge le fond de cette rivière et endommage les habitats de reproduction. Ceci ajouté à des niveaux élevés de polluants constituent une véritable conspiration contre la reproduction naturelle. Les statistiques démontrent très bien que la majeure partie des polluants arrive des Grands Lacs. D'autres polluants se déversent dans les affluents et par les rivières, rejetés par les industries locales.
Même si le St-Laurent est une rivière ouverte aux pêcheurs à l'année longue, les berges glacées constituent un grand danger pour ses adeptes.
Ceux et celles qui daignent s'y aventurer, alors que les beaux jours de février leur permettent de lancer leurs larges nymphes et streamers, sont souvent récompensés par des prises énormes de truites brunes ou arc-en-ciel cherchant leur nourriture le long des rivages.
Comme le printemps arrive vers la fin du mois de mars, ce cours d'eau reprend vie avec ses milliers d'oiseaux, dont plusieurs sont des migrateurs et utilisent les riches habitats du St-Laurent comme lieux de repos et de nidification.
De brillantes truites arc-en-ciel et brunes opportunistes s'aventureront dans les eaux peu profondes des rapides à la recherche d'un repas gratuit ou d'une ventouse.
Des milliards de mouches reprendront vie en ce temps de l'année. Les plus populaires seront les larves de caddis et les pupae (grandeurs #10 et 12), les stones pesées #4 à 8, les imitations d'oeufs et une grande variété de streamers, comme la Grey Ghost, Micky Finn et la Magog Smelt dans les grosseurs #2 à 10.
A l'arrivée de l'été, les truites se regroupent dans les profondeurs du fleuve et deviennent plus difficiles à prendre.
C'est avec un grand plaisir que les achigans viendront prendre leur place et procureront des sensations extraordinaires aux pêcheurs avec le même équipement.
Le courant de la rivière est très fort. Le St-Laurent est impressionant juste par sa vaste étendue d'eau et la force de son courant intimidera les moucheux qui s'y aventureront pour la première fois.
Des semelles de feutre avec crampons et principalement un bâton de marche à gué sera obligatoire pour parcourir les berges.
Les rapides et la section avoisinnante peuvent être parcourus en bateau, mais peu s'aventurent dans ces eaux dangereuses sans avoir une connaissance approfondie ou sans les conseils d'un guide.
Ceux et celles qui s'y risqueront dans des bateaux-jet le feront seulement dans les eaux peu profondes au courant fort. Il est presque impossible de s'ancrer et il vaut mieux se laisser aller à la dérive.
Au commencement de septembre jusqu'à décembre, les truites reviennent dans les eaux peu profondes, procurant de belles émotions fortes aux pêcheurs.
Les streamers mentionnées ci-haut peuvent être excellents jusqu'à la fin d'octobre. Les eaux sont encore basses et claires durant ce temps de l'année et la pêche est très efficace au coucher du soleil. Vous aurez la chance de prendre de ces poissons peureux.
Pêchant à gué, loin dans le St-laurent, je suis quelquefois hypnotisé par le bruit des rapides alors que je lance ma mouche dans une fosse prometeuse. Le roulement de l'eau noie le bruit de la ville à l'horizon, ne laissant qu'une image embrouillée des gratte-ciel de Montréal.
Tout est bien dans cette rêvasserie, seulement pour être ramené à la réalité par le bruit de sifflet d'un navire sur la voie maritime ou par l'attaque innatendue d'une truite brune.
Quoiqu'il en soit, le magnifique et majestueux St-Laurent redevient une grandiose réalité.
Traduction par Louise Chevrefils